Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Socialiste 39
Archives
Derniers commentaires
13 septembre 2011

Discours de François Hollande du 12 septembre 2011

Fran_ois_Hollande_meetingMes chers amis,

Nous sommes réunis ici, à Paris, au Trianon, dans le 18e arrondissement, dans ce théâtre où je ne m’étais jamais produit jusque-là. Qui fût parait-il le jardin de l’Elysée Montmartre, ça tombe bien ! Nous sommes à Montmartre et nous allons à l’Elysée. Nous sommes à Paris et pas dans n’importe quel arrondissement, le 18e, celui qui a choisi Daniel Vaillant comme Maire. Celui aussi dont Bertrand Delanoë est l’élu, ce qui lui a permis de tirer sa légitimité pour devenir Maire de Paris et je le salue.

18e arrondissement qui fut aussi celui d’un homme qui a préservé l’honneur du socialisme pendant la guerre et la résistance, Daniel Mayer. 18e arrondissement, circonscription qu’avait choisi Lionel Jospin pour devenir député. Et nous sommes à Paris, la capitale, la République, où tout est parti et tout revient, forcement vers Paris. Paris, capitale des combats, capitale des cortèges, capitale des mobilisations, capitale des droits, ce lieu où l’on arrachait  les libertés.

Paris qui a accueilli tant de provinciaux qui sont devenus des Parisiens et qui aujourd’hui accueille tant d’élus de nos territoires, ici présents et que je salue. Paris aussi qui a su s’ouvrir à l’Outre-mer. Merci Victorin de nous rappeler que les ultra-marins sont tellement attachés à la République. Pas la République pour ce qu’elle a d’autoritaire mais la République qui libère, la République qui donne des droits, la République qui promet, et qui fait que chacun ici, ailleurs, loin d’ici, pense qu’il peut grâce à la République être un citoyen qui peut lui aussi réussir sa vie. Merci à toi Victorin, merci  à tous de nous rappeler nos devoirs.

Si je poursuis ce rêve, ce rêve qui est tout simplement le récit de la République, c’est parce que j’ai conscience qu’il y a eu depuis trop d’années des manquements graves à ses principes, à ses valeurs, à cette idée que nous nous faisons de l’union nationale, des intérêts de la France, du sens du commun, de cette idée qui doit nous tenir. Oui c’est ça qui fait qu’à un moment, un homme ou une femme se lève et considère qu’il ou elle doit porter un devoir qui va bien au-delà de lui-même, qui est de faire en sorte que sa famille politique sans doute, ses idées surement et que les français se retrouvent en lui, en elle pour devenir la France de toujours. La France de la République, celle qui fait de l’égalité, de la fraternité, de la laïcité, de la dignité humaine, le sens même qui fait en sorte que nous sommes une nation.

Chers amis,

 Nous nous retrouvons dans un moment exceptionnel. Trois évènements viennent de se produire en un seul jour. Le premier nous nous y habituons, c’est la crise, la crise financière qui vient une nouvelle fois de trouver une nouvelle intensité, bousculant les marchés, affaiblissant les banques angoissant les gouvernements qui n’en peuvent plus, qui ne savent plus où ils vont. Et qui pensent que demain pourra peut-être les sauver d’un présent qui les assaille. Et puis ce second évènement qui arrive comme une catastrophe. Une catastrophe qui frappe  dans une usine à côté d’une centrale nucléaire qui s’est arrêtée, démantelée. Une usine qui retraite des déchets, un four qui explose, un mort, des victimes. On ne sait encore combien. Une catastrophe qui renvoie à l’exigence de transparence que l’on attend de toute industrie qui manie des matériaux dangereux. Et que nous aurons nécessairement à reposer la question de la part du nucléaire dans la production d’électricité. Non pas pour créer des peurs  mais tout simplement pour garantir une sureté à laquelle chacun inspire. Puis un troisième évènement dont on ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer. Où un intermédiaire qui se prétend être un ami du président de la République, qui lui-même va bientôt dire qu’il ne le connait pas. Un intermédiaire qui nous dit qu’il a livré, je ne sais combien de caisses remplies de billets d’une autre époque à je ne sais combien de chefs d’Etats. Je ne sais si ce propos est vrai, il faudra qu’il soit vérifié et je m’étonne que face à la gravité de telles assertions le Garde des Sceaux n’aie pas diligenté par le parquet de Paris pour lancer une enquête. A moins que l’on craigne qu’il y est d’autres révélations, mais au-delà de ses pseudos découvertes il y a une nouvelle fois une République abimée, blessée et un risque une nouvelle fois que les Français se détournent pensant là qu’il y a là trop d’affairismes et d’intérêts particuliers surtout quand ça concerne un continent, l’Afrique, dont nous n’attendons pas de valises de billets mais dont nous attendons simplement d’avoir avec, une relation équilibrée, durable, fructueuse, fraternelle. Et c’est nous qui devrions apporter le développement à ces pays sans rien rechercher de leurs dictateurs, que ce soit le moindre soutien qu’il soit verbal ou financier.

C’est dans ce contexte que se tiennent nos primaires qui au-delà du résultat, même si je m’y intéresse, doit participer au renforcement de la démocratie. Nous avons décidé, de convoquer le peuple français. Ce n’est pas rien. Nous avons maintenant une obligation de résultats. Au sens où il faudra  bien accueillir le plus grand nombre. Nous aurions l’air de quoi si le 9 octobre à notre invitation ne répondait que les militants socialistes, ça ne fausserait pas le résultat mais enfin quand même, après des semaines et des semaines à avoir lancé ce processus, à nous être mis dans la compétition, à organiser des débats dont je ne sais pas exactement ce qu’ils vont produire, si nous n’avons pas un succès à ces primaires ce serait finalement la meilleure nouvelle pour la droite et son candidat Nicolas Sarkozy. Alors la seule réponse qu’il faut fournir dans ce contexte pourtant grave c’est d’appeler les Français à nous donner le premier élan, la première force, la première légitimité, et finalement la première victoire dans l’élection présidentielle.

Alors, je me pose cette question. Fallait-il être candidat quand je vois gravité du moment, l’ampleur de ce qui nous attend, la lourdeur de la tâche. Est-ce que nous n’avons pas pris de risques, nous la gauche, de vouloir gouverner le pays. Il y en a d’autres qui ne se posent pas cette question, qui préfèrent rester de côté en disant c’est trop dur. Le capitalisme est trop fort, les marchés sont trop puissants, nous n’y parviendrons pas. Est-ce que nous n’avons pas à craindre emportés par la tourmente, d’être obligés de faire une politique qui ne serait pas la nôtre. Mais c’est l’honneur, l’honneur de la gauche, l’honneur de notre engagement et l’honneur de celui ou celle qui vous conduira vers la victoire que de relever le défi d’être à la hauteur du moment, et d’être capable dans cette épreuve de donner un sens à la démocratie et au choix. C’est ce cap là, que je me suis fixé et je n’en varierai pas. Quelles que soient les circonstances, les distractions, les évènements, les tentations, les polémiques ou les sollicitations. Il y en a eu, il y en aura encore, cette campagne sera émaillée de pleins d’incidents, de pleins de rebondissements, de pleins de polémiques. Et alors  la responsabilité la nôtre, la mienne, c’est de tenir sur ce cap et de ne me laisser me détourner par quoi que ce soit par rapport à l’objectif qui est de gagner le 6 mai 2012. Je veux tenir un langage de vérité. Je veux fixer clairement les priorités. Je veux respecter chacun, chacune dans la compétition des primaires. Et je le répèterai sans cesse là dans cette primaire et ensuite au cours de l’élection présidentielle.

Je répèterai sans cesse que volonté, lucidité peuvent se conjuguer pour définir ce qui est possible. Et que c’est ainsi seulement que le rêve français retrouvera la force qu’il a perdu. Ce rêve français, ce récit républicain, cette promesse, cette volonté de faire que la  génération  qui arrive vivra mieux que nous. Les anciens ont été capables de le faire  dans les épreuves bien plus graves, des guerres, des crises, des convulsions. Et nous, nous au début du 21e siècle nous renoncerions, jamais !  Demain sera meilleur qu’aujourd’hui je vous en fais la promesse, c’est notre devoir d’hommes et de femmes de progrès, de républicains. C’est toujours ce qui nous a fait marcher, endurer mais jamais courber face à l’adversité. C’est vrai que nous affrontons une crise, surement la crise la plus grave depuis la guerre, une crise du capitalisme, une crise du libéralisme sans doute. Une crise de la finance, et elle ne disparaitra pas hélas avec Nicolas Sarkozy. Ce serait trop simple. Nous pourrions le battre le 6 mai, nous le battrons le 6 mai. Mais la crise, cette crise, elle sera toujours là. Cette crise qui ne s’est pas arrêtée de frapper depuis 4 ans, qui a d’abord touché les banques, sauvées par les gouvernements qui ont déséquilibré leurs comptes. Une crise maintenant qui secoue les états, affaiblis par leurs dettes. Une crise qui va se répercuter de nouveau sur les banques obligeant les états qui n’en peuvent plus à venir à leurs secours. Une crise sans fin, une crise qui est aussi économique car elle a des conséquences sur la croissance qui faiblit partout, aux Etats-Unis, en Europe et qui produit comme chaque crise, du chômage, de la précarité, de la pauvreté.

Une crise européenne parce que c’est ici en Europe que la tourmente est la plus grande. Une crise qui fait que la Grèce, il y a 18 mois nous demandait du secours et qu’elle est encore aujourd’hui dans la même situation, après avoir supporté austérité sur austérité. La Grèce dont on ne sait pas encore si demain elle pourra éviter le défaut, la faillite ou la sortie de la zone euro. Et cela à cause, non pas de la Grèce, pas en tant que telle même si ses dirigeants d’hier ont commis des fautes et manqué à tous leurs devoirs ; mais à cause de l’incapacité de l’Europe, de la zone euro de trouver des solutions.

Le plan d’aide de la Grèce dont on nous a dit qu’il était le dernier et qui se révèle inappliqué au moment où je parle, rien n’a été réglé, rien n’a été apporté, rien n’a changé. Déjà le Portugal, l’Espagne, l’Italie menacent de plier. La crise, elle est politique. Trop d’hésitations, trop de frilosités. Les Européens sont victimes d’eux-mêmes. Ils n’ont pas compris qu’ils n’ont pas le même rapport au  temps que les marchés. Ce gouvernement économique que l’on attend, il n’est pas là quand les marchés eux-mêmes, chaque jour arbitrent et frappent. Et le pire est désormais devenu possible, défaut de paiement de la Grèce, éclatement de la zone euro. Et en rejetant les euros obligations le 16 août dernier Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont envoyé le plus mauvais des signaux.

Les marchés, toujours eux, ont compris que la zone euro n’avait la capacité, la détermination de se défendre alors ils attaquent. La bonne réponse c’est de permettre à l’Europe d’acheter une partie des dettes des états à travers les euros obligations. Nous l’avons dit il y a déjà plusieurs mois Nicolas Sarkozy a cédé alors qu’il pouvait au moins défendre cette position et voilà ! J’entendais cet après-midi, le ministre d’économie et des finances, François Baroin dire : « Ce sera le point d’arrivée ». Mais il sera trop tard. Arrivé à quoi. Arrivé à ce que la bataille soit perdue. Et d’ores et déjà les banques françaises se découvrent vulnérables. Et elles sont attaquées, considérées comme sous-capitalisées, et notamment par la directrice du FMI, qui hier prétendait le contraire. Ce qui en dit long sur la lucidité des ministres. Et puis voilà que ces banques vont s’adresser à l’Etat qui n’en peut plus. Et donc, il y a ce risque sur nous, dans les prochains jours que cette crise s’amplifie, alors que la solution, je ne dis pas qu’elle est en soit la seule, la solution est de mettre davantage de fédéralisme budgétaire, davantage de coordination et de politique, davantage d’Europe, davantage de démocratie, d’avantage d’autorité pour que les marchés cèdent, parce que je l’ai dit, la démocratie est plus intelligente que les marchés. La politique est plus forte que les spéculateurs. Que les gouvernants représentent le peuple, et non pas seulement les mouvements de l’argent.

Cette crise est aussi une crise française. Nicolas Sarkozy en fin de mandat emporte une lourde responsabilité, il n’a servi les intérêts que d’un petit nombre de privilégiés, il a laissé creuser les inégalités, triplé les déficits, doublé la dette publique, déséquilibré les comptes extérieurs le chômage atteint son niveau record depuis dix ans, le pouvoir d’achat est en berne. Et le voilà qui nous donne des leçons, qui nous dit qu’il est le plus solide dans la crise. Il faut être solide pour défendre un bilan pareil. Il faut avoir, non pas du courage mais de la témérité, pour prétendre qu’en ayant rien réglé dans un premier quinquennat il serait possible d’en solliciter  un second. Et il nous ferait croire que dans cette période où la crise serait autour de nous il faudrait non pas changer de capitaine même s’il est mauvais. Nous allons changer, et le capitaine, et le bateau, et tous les marins qui vont avec.

Mais cette crise financière, économique, européenne, française soulève aussi une crise du sens que beaucoup de nos concitoyens nous expriment. Qui dirige le monde ? Dans quel but ? Quelles empreintes allons-nous laisser nous, sur la planète et dans l’histoire de l’humanité ? Qu’allons-nous transmettre à nos  enfants. Ces questions nous les avons en permanence à l’esprit. Certains d’ailleurs voudraient qu’elles soient de la crainte de l’angoisse, de la peur qui pousse au vote extrême et conservateur. C’est leur jeu. Je crois au contraire que cette quête de sens, de responsabilité de devoir est une occasion exceptionnelle, sans rien méconnaitre des difficultés qui nous entourent, pour nous rassembler, nous mobiliser, nous organiser ; pour redonner un destin commun, pour retrouver une espérance, pour dire que demain sera plus beau qu’hier et nous donner la force de bâtir cette nation dont nous sommes les héritiers.

Pour cela, il faudra dire la vérité, dire la vérité. Il y a eu tellement de mensonges, d’improvisations, d’erreurs. Nous les payons comptant et, je ne ferai pas preuve de cynisme à prononcer des discours, des promesses qui ne tiendraient aucun compte de ses réalités et qui nous seraient rappelées douloureusement le lendemain de la victoire. On a connu des bonimenteurs, un surtout qui a fini par se renier, des volontaristes qui ont cédé à l’impuissance, des idéologues qui ont fini en girouette. J’ai fait le choix dans cette élection de m’adresser à la raison de chacun. De mettre comme le disait Marc Bloch « le peuple dans la confidence ».

Et puisque j’évoque les grands noms de l’histoire, je fais mienne cette maxime de Clemenceau « Il faut savoir ce que l’on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire et quand on le dit il faut avoir le courage de le faire.»

Chers amis, ce que nous avons à faire, et qui est de ma responsabilité c’est de rétablir la confiance. Nous avons de grandes réformes à accomplir, une justice à rétablir, un redressement à engager, nous avons à faire acte de confiance dans la République. Nous avons à conforter notre nation, nous avons à renouer le lien entre les citoyens et le pouvoir. Nous devons avoir confiance en notre peuple et justifier la confiance qu’il nous a donnée. C’est changer l’avenir que nous voulons. On me dit que dire la vérité ça ne fait pas le changement ; et si déjà. On me dit aussi qu’on ne se présente pas à une élection pour ne rien changer mais on a raison, c’est aussi mon avis parce que je veux changer l’avenir, parce qu’après trente années d’engagement politique, militant, ma décision de me présenter au suffrage pour l’élection la plus importante  du pays, c’est pour changer la France.

Mais précisément l’expérience m’a appris que pour modifier le cours des choses il faut les connaitre, il faut être capable de contrarier les pesanteurs, bousculer les immobilismes, vaincre les peurs. Et pour cela, il faut dire clairement ce que l’on veut changer. J’ai deux engagements dans cette campagne. Le redressement de notre économie et de nos comptes publics pour maitriser l’endettement. Le second engagement, c’est de donner priorité à la jeunesse. Et l’un ne va pas sans l’autre, la dette est notre ennemie. Nous ne pouvons pas laisser à nos générations futures, la charge de nos propres dépenses. Rétablir les comptes publics, ce n’est pas pour faire plaisir aux agences de notation et aux marchés. C’est pour ne pas accepter que le premier budget du pays soit le budget de la dette. Bien au-delà du budget de l’éducation. Si rien n’est fait pour contrarier ce processus.

Rétablir nos comptes, ce n’est pas comme le prétend la droite imposer la rigueur aux plus modestes, paralyser l’action publique, faire les poches des ménages qui peinent et qui consomment. Non, rétablir les comptes publics, c’est aussi préparer l’avenir. C’est ne pas accepter une loi d’airain qui fait que nous empruntons aujourd’hui pour les services de nos intérêts d’emprunts. C’est ne pas accepter le fait que nous payions notre sécurité sociale à crédit, nos indemnités de chômage par emprunt. Ce n’est plus supportable alors comment faire ? Une règle d’or nous dit-on. A la belle idée ! Il fallait y songer qu’est-ce qu’il s’est passé dans la tête de Nicolas Sarkozy, comme une aubaine, comme un prix de vertu, comme un quitus. Après avoir pendant cinq ans, obstinément déséquilibré les comptes publics, voilà qu’en écrivant dans la constitution que son successeur ne pourra plus faire ce qu’il a fait, il aurait là, comme une victoire symbolique. Comme si écrire dans la constitution que les budgets doivent être en équilibre était en soi, une façon de régler le problème. Il n’a d’ailleurs pas bien lu la constitution parce qu’elle prévoit déjà que les comptes  publics doivent être présentés à l’équilibre. Elle prévoit aussi que chacun a le droit à l’emploi au logement.

Nicolas Sarkozy avait même inventé pendant la campagne de 2007, le droit opposable. Il devrait faire un droit opposable à la dette publique, que tout contribuable pourrait aller contester auprès du président de la République. Mais on ne change pas l'état de nos finances publiques par des prescriptions constitutionnelles. Il faut prendre des engagements ; et je les prends devant vous. Nous aurons une stratégie de retour à l'équilibre de nos finances publiques pour le prochain quinquennat. Nous la présenterons devant le peuple français. C'est lui qui décidera de la stratégie à mener, des voies et moyens pour y parvenir. Il n’y aura nul besoin d'écrire dans la constitution quoique ce soit. Ce sont les Français par le mandat qu'ils nous ont donné qui nous permettront d'aller dans cette direction et de nous y tenir devant nos partenaires européens.

Mais comment y parvenir ? D'abord par la croissance. C'est la première condition. Elle prendra du temps sans doute avant de faire apparaître ses premiers résultats. Nous devons utiliser tous les leviers. Soutenir nos entreprises, notamment les PME, encourager l'innovation aider la recherche, soutenir la connaissance et donc l'éducation. Donner par l'Etat une stratégie, mobiliser nos forces, faire un acte de décentralisation.  La démocratie sociale sera aussi un facteur de croissance, parce que la démocratie c'est une condition pour mobiliser l'ensemble des salariés, des citoyens, des acteurs locaux pour mener ensemble le redressement du pays.

La deuxième condition c'est la maîtrise de nos dépenses. Il faudra réformer l'Etat profondément, décentraliser, organiser différemment nos systèmes de soin, de santé. Etre plus sélectif dans les prestations. Eviter que ce soit sans condition de ressource. Que certaines aides soit attribuées aux uns alors que d'autres en ont bien plus besoin.

Et puis la réforme fiscale. Troisième moyen. En augmentant le rendement de l'impôt en le rendant plus simple plus efficace, en cessant de soustraire les plus hauts revenus à la contribution publique. La réforme fiscale c'est quand même de permettre que chacun paye en fonction de ses facultés, de ses fortunes, de ses revenus.

Et je le redirai tout au long de cette campagne, qu'il aura fallu le mandat de Nicolas Sarkozy pour que des riches demandent à payer des impôts. Parce qu'il y en a qui ont cette conscience, ce devoir, qui est de dire qu'ils en ont reçu suffisamment et qu'ils sont même prêts à en restituer. Ne les décourageons pas, accompagnons-les, soutenons-les. Mais non pas pour punir, spolier, décourager les initiatives l'entreprise et le talent. Tout simplement pour faire en sorte que dans une société nous soyons à égalité de droit et de devoir. Et que nous soyons conscients que la cohésion de notre nation est un facteur de redressement collectif. Alors il nous faudra faire des réformes sur le rapprochement de l'impôt sur le revenu et de la CSG. Egaliser les prélèvements sur le capital et sur le travail. Faire en sorte que les niches fiscales soit supprimées ou réduites. Il faudra introduire la contribution écologique si elle se substitue à une cotisation sur le travail. Il faudra faire en sorte que l'investissement productif soit favorisé par rapport à la rente. Il faudra permettre la compétitivité de nos entreprises et éviter que ce soit toujours sur le travail et toujours sur l'emploi que les prélèvements soient assis.

Voilà ce que nous aurons à faire redresser l'économie. Revenir à une croissance plus durable, rééquilibrer nos comptes, maîtriser notre dette et tout cela au service d'une grande cause qui est la seul qui m'anime : donner priorité à la jeunesse; Faire en sorte que la génération qui arrive vive mieux que nous. En faisant de la jeunesse cette grande cause de ma candidature et demain je l'espère du mandat que je recevrais du suffrage.

Je ne cherche pas à plaire ou à complaire avec un clin d'œil enjôleur à l'égard d'une fraction de la population, je cherche à mobiliser tous les citoyens sur un objectif qui les concerne entièrement parce qu’il s'agit de la France de demain. Celle dans laquelle vivrons les jeunes d'aujourd'hui. Nous avons cette chance d'être un pays qui a une natalité dynamique, qui renouvelle les générations. Qui est capable d'être le pays le plus jeune d'Europe et nous considérerions que c'est un fardeau, un handicap ? Il a fallu qu'un ministre ou un sous-ministre de la République nous fasse croire que s’il y avait du chômage c'était à cause de notre démographie. Le sot ! Il n'y a pas d'autres mots. Il avait déjà fait preuve d'une connaissance de la littérature qui m'amène à penser que la priorité éducative est bien nécessaire dans notre pays.

J'ai proposé il y a maintenant plusieurs mois un pacte éducatif. Parce que l'école a été la victime, la grande sacrifiée de la politique de la droite depuis dix ans. L'année scolaire a été réduite de 180 jours à 144 jours, soit l'année la plus faible d'Europe, avec la journée la plus longue pour les écoliers. L'école maternelle est devenue une variable d'ajustement budgétaire. Il y a dix ans, plus d'un tiers des enfants de plus de deux ans étaient accueillis en école maternelle, seulement 10 % aujourd'hui. L'encadrement au sein de l'école primaire est l'un des plus bas d'Europe. 15% des élèves sont en grande difficulté dès le cours préparatoire. L'éducation prioritaire a été ghettoïsée avec la fin de la carte scolaire. Les moyens de soutiens aux élèves en difficultés, ce que l'on appelle les R.A.S.E.D. ont été massivement réduits. La formation des enseignants a été supprimée.

La démocratie, qui permet à des enfants d'ouvriers ou d'employés d'accéder à l'université ou aux grandes écoles est en régression. En on voudrait que je ne considère pas la jeunesse et l'éducation comme la grande cause de ce que nous devons faire ces cinq prochaines années ? Pour couronner le tout 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans qualification ; et s'agissant des moins de 25 ans, la France se classe 24ème sur 27 en Europe. Pour terminer sur les suppressions de postes, 16 000 cette année 100 000 en dix ans. Voilà pourquoi j'ai dit ça suffit.

Je n'accepte pas que la France sacrifie son avenir sur l'autel de la résignation du renoncement alors qu'elle dispose d'un atout majeur, sa jeunesse et d'un capital, son système éducatif, les personnels qui s'y dévouent, notre histoire, notre culture, notre langue. Alors malgré toutes les difficultés budgétaires, tout ce que j'ai dit qui doit être nos engagements pour rétablir les comptes, j'ai proposé une loi de programmation scolaire sur cinq ans qui prévoira une préscolarisation renforcée avec de nouveau une confiance dans l'école maternelle. Une année scolaire rallongée, un socle respecté des connaissances fondamentales. Une formation initiale et permanente des enseignants rétablie. L'entrée en force de nouvelles technologies partout avec des tablettes et des ordinateurs. La valorisation de l'enseignement professionnel, l'appui aux élèves en difficultés, l'accueil des enfants handicapés à l'école de la République. Et la lutte contre la violence, qui est insupportable dans un lieu qui doit être un sanctuaire, le lieu du savoir, le lieu de la connaissance. Ce qui suppose aussi qu'il y ait un encadrement.

C'est dans cette perspective que j'ai annoncé la fin de l'hémorragie des effectifs et la création de 12 000 postes par an de personnels éducatifs pour remplir ces missions. Pas simplement des professeurs, mais tous les métiers qui devront se trouver là, de la maternelle jusqu'à l'université avec même une nouvelle obligation qui sera de prendre en charge les 16-18 ans qui devront être soit au travail, soit en apprentissage, soit à l'école, soit dans un service civique en lien avec l'éducation nationale, si ils ne sont nulle part. Aucun jeune ne doit être sans solution jusqu'à 18 ans.

Alors de bons esprits m'objectent à moi, attaché au redressement des comptes publics, que cette politique est couteuse. Alors regardons. 500 millions d'euros par an, c'est l'équivalent du bouclier fiscal. Que préfère-t-on, un bouclier fiscal pour les plus riches, ou un fer de lance pour la réussite de chacun ? Moi j'ai choisi. Cet engagement exigera des contreparties, des réformes structurelles, une concertation avec les personnels de l'éducation nationale, une affectation au plus près des besoins, un nouveau mode de fonctionnement y compris dans l'école et il y aura des financements qu'il faudra trouver y compris dans le budget de l'éducation nationale. Sait-on que rien que les redoublements coutent 2 milliards d'euros au budget de l'éducation.

Enfin, je fais confiance. Il faut respecter les enseignants, susciter des vocations. Trop de jeunes renoncent aujourd'hui à se présenter aux concours faute de visibilité. Avec la loi de programmation ils sauront tous ces jeunes qui veulent étudier pour servir leur pays, épouser la belle aventure de la transmission du savoir. Ils sauront les postes auxquelles ils peuvent prétendre. Et me revient à la mémoire la belle formule de Victor Hugo qui considérait les maîtres, les enseignants, les professeurs comme les jardiniers des intelligences humaines. Nous avons besoin de ces jardins de l'intelligence. Nous avons besoin de ces paysages nouveaux que seront la confiance dans le système éducatif et l'espoir là encore que tout n'est pas joué dès le plus jeune âge, à l'entrée en CP ou en 6éme. Nous avons ce devoir de faire de la démocratie, de l'accès de tous à la possibilité de réussir non pas simplement un droit, mais un devoir de la nation. Voilà chères amis ce qui est insupportable ce qui est irresponsable. C'est comme hypothéquer l'avenir de la nation. C'est faire injure à l'égalité des chances, c'est couper l'instruction d'un côté pour dilapider l'agent publique de l'autre, en cadeaux faits aux plus privilégiés.

C'est pour cela que j'ai fait de la jeunesse la priorité. Et au lendemain de la victoire nous aurons plus que l'éducation à renforcer. Nous aurons aussi à permettre l'entrée dans la vie active. Tout à l'heure il était évoqué le contrat de génération qui est aussi la grande idée que nous porterons dans cette campagne présidentielle et que personne n'osera contester parce qu’elle est tellement simple :  permettre qu'un employeur qui gardera un senior le temps qu'il puisse partir dignement à la retraite et qui engagera un jeune de moins de 25 ans avec un CDI ; le sénior transmettant son savoir au plus jeune, ce contrat de génération permettra à l'employeur de ne plus payer de cotisations sociales sur les deux emplois. Et nous aurons ainsi réconcilié les âges et permis et aux jeunes et aux séniors d'accéder ou de rester dans l'emploi.

Chers amis cette élection, celle qui nous attend, je ne parle pas de la primaire, qui comme je le dis est la seule élection que les socialistes sont certains de gagner. Donc elle ne peut en soit nous combler de joie. Je ne sais pas derrière qui ; mais de toute manière nous serons tous rassembler derrière celui-là ou celle-là qui aura comme tâche de nous conduire. Mais l'élection qui vient, va être difficile.

C'est vrai que je rencontre beaucoup de nos concitoyens , parfois même de droite qui me disent que Nicolas Sarkozy est déjà battu et qu'il ne pourra pas remonter ; que "la pente est trop rude" comme le disait Jean-Pierre Raffarin avant d'être taxé d'irresponsable par Nicolas Sarkozy. Je vois aussi cette violence à l'égard de Nicolas Sarkozy, parfois excessive. Je suis quelquefois obligé de la calmer de la maîtriser. Elle vient la plupart du temps de ceux qui ont voté Nicolas Sarkozy et qui s'en veulent. Même si certains ont oublié. Mais en même temps je sais que cette élection va être rude et que nous aurons toujours tort de sous-estimer celui qui sera face à nous. La campagne n'a pas commencée. La droite utilisera toutes les peurs. Celle que j'ai évoqué, la crise.

Faut-il faire le changement, quand la crise est là. Faut-il ajouter un risque à une menace voire même à une difficulté. En 1981, Valéry Giscard d'Estaing avait choisi comme slogan de campagne il faut un président à la France. Je conseille à Nicolas Sarkozy de prendre le même. Ce sera là, son mode de communication. Il nous dira moi je connais le métier, je l'ai exercé. Vous ne pouvez pas prendre l'inexpérience. Comment être président si on ne l'a pas déjà été. Alors il faudra expliquer simplement que le principal risque pour le pays n'est pas le changement. Le risque c'est la continuité avec Nicolas Sarkozy. Mais la droite fera son unité. Là aussi ne nous y trompons pas, de gré ou de force ; des menaces, des pressions. Même ceux qui veulent se lancer dans l'aventure, ils n'osent pas le dire. Ils craignent déjà les conséquences. Ils font semblant, ils s'ébrouent. Nous verrons bien, mais la droite elle fera son unité. Car elle n'aime pas l'Etat la droite, mais elle aime tellement le pouvoir qu'elle ne le lâchera pas sans combattre. Elle utilisera tous les ressorts, tous les moyens, les puissances d'argent et bien d'autres.

Alors il nous faudra réussir. Réussir nos primaires. Faire en sorte que nous nous respections, que nous nous rassemblions. Que rien ne soit dit qui puisse être utilisé demain par notre adversaire contre celui ou celle qui aura la confiance des Français. Nous retrouver tous derrière le vainqueur de la primaire, le 16. Sans baragouiner, sans concéder, sans négocier. Ce qui comptera c'est la victoire pas la place de tel ou tel. En plus il faudra renouveler les équipes. Ce n'est pas un seul ou une seule qui gagne. C'est un ensemble, c'est un mélange d'expériences de renouveau, de diversité de femmes, d'hommes. Nous aurons besoin de tous de toutes. Et moi depuis longtemps, c'est ce qui d'ailleurs fait ma force, j'ai perdu la mémoire. Je ne sais plus qui a dit quoi, je ne sais plus qui m'a fait quoi. Je n'ai aucun ressentiment, aucune rancœur. Chacun sera le bienvenu, à condition de vouloir la victoire, de servir l'intérêt général et de se dévouer pour la nation.

De la même manière il nous faudra rassembler la gauche. Même la gauche boudeuse, j'en connais et ils nous connaissent bien aussi. Elle a sa place si elle veut, parce que le mouvement de la gauche dans toute sa diversité, c'est le mouvement du progrès. Et même si il y en a qui nous trouve trop ceci ou trop cela, pas assez ci, pas assez ça. Ils devront faire le choix. Ils ne pourront pas dire que la République a été abimée pendant cinq ans par Nicolas Sarkozy, que l'école a été mise à terre, que les droits sociaux ont été piétinés, que la volonté de la France s'est trouvée contrecarrée dans tant de sites internationaux, dans tant de conflits, tant d'épreuves. Ils ne pourront pas dire tout cela sans prendre leur place dans ce qui sera le grand rassemblement pour la victoire au second tour. Il n'y aura pas là aussi, à poser de conditions.

Moi je préfèrerais même, et je le dis à nos amis écologistes, que nous ne perdions pas de temps au lendemain de la primaire et que nous concluions un contrat de gouvernement avec un accord sur ce qui nous rassemble, parfois un constat sur ce qui nous sépare aussi, pour que nous soyons ensemble face au Français, avec plusieurs candidats sans doute, mais dans le même processus, le même engagement pour gagner ; pour gagner en 2012 et gouverner ensemble.  Et puis il va falloir rassembler. Rassembler les français; d'où qu'ils viennent. Nous ne regarderons pas là encore les origines ou les parcours. Tout le monde sera le bienvenu. Il faut gagner, il faut l'emporter, il faut vaincre.

Nous sommes à Paris chers amis, où tout généralement se dessine et se conclue. A Paris où l’on pense toujours, à tort ou à raison, que l’on dispose de connaissances que le reste de la France n'a pas. Quelle illusion. Mais comme je suis à Paris je veux vous laisser croire. A Paris en fait, parce que les lieux de la République sont à Paris. Et donc si nous voulons exercer les responsabilités nous serons à Paris. Et nous aurons besoin du peuple de Paris tout au long des prochains mois.

Oui chers amis ce qui nous attend c'est le choix entre deux idées de la France. La première celle que je combat, qui est celle qui consiste à penser qu'un homme ou une femme peut décider seule pour l'avenir de son pays, peut concentrer tous les pouvoirs, peut décider du sort de chacun, des programme de télévision, de l'avenir des entreprises. Pour finalement se révélé impuissant face aux convulsions, aux tumultes et au désordre. Et puis l'autre idée de la France, l'autre idée de la République, l'autre idée de la responsabilité principale de la République, c'est de penser que l'un ou l'une d'entre nous sera le prochain chef de l'Etat, mais sera capable de faire vivre tous les pouvoirs. D'emmener toutes les forces dans le même objectif. De respecter les uns et les autres, même si ils n'ont pas voté dans la même direction que nous avions choisie. De faire en sorte que nous puissions être fiers de nous-même, unis pour l'essentiel. Je veux que cette République soit incarnée par cette conception-là, qui honore la gauche.

La gauche a longtemps hésité par rapport à l'élection présidentielle. Elle y a vu comme François Mitterrand l'occasion de venir au pouvoir. Et en même temps elle s'en est défiée. Est-ce que la personnalisation n'allait pas nous entraîner au-delà de ce que nous pensions de la République et de l'équilibre des pouvoirs. Est-ce qu'elle n'allait pas nous pervertir. Cela dépend de nous. Cela ne dépend pas de règles écrites. Cela dépend d'une pratique qu'il faudra engager et j'en fait ici la promesse. Il faudra faire en sorte que la République soit également soucieuse du bien commun.

Je veux le 6 mai que notre victoire soit sans doute celle du candidat socialiste. Sans doute celle aussi de la gauche. Mais que la victoire soit d'abord celle de la France et celle de la République toute entière.

Source:François Hollande

Publicité
Commentaires
Socialiste 39
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 1 430
Publicité